Bonne Yaldâ; les Iraniens célèbrent la plus longue nuit de l’année

Dans le calendrier iranien, cette fête se déroule en Dey (c’est-à-dire au mois de décembre), d’après le nom qui était donné au Créateur avant le Zoroastrisme. Les fêtes de la nuit de Yaldâ trouvent leurs racines dans des traditions antiques qui remontent à des milliers d’années et au culte de Mitra. Yaldâ serait ainsi le jour de la naissance de Mitra ou du soleil. La lumière du soleil et du jour étaient considérées comme étant la manifestation d’un dieu créateur alors que l’obscurité, la nuit et le froid étaient le symbole d’Arihman, dieu des ténèbres. Le cycle des jours et des nuits avait incité les gens à croire que ces deux éléments étaient continuellement en guerre. Les jours les plus longs étaient alors considérés comme étant les jours de la victoire de la lumière, et les jours les plus courts étaient le signe de la victoire de l’obscurité. Pour se protéger d’Ahriman, les gens se réunissaient pendant la nuit et allumaient du feu pour demander l’aide du soleil. Yaldâ est donc en quelque sorte la célébration du soleil et la fin de la domination de l’obscurité et du froid.
Pendant cette nuit de Yaldâ, il est de coutume de manger des graines séchées et salées, des pastèques, des grenades, des fruits divers et des sucreries, qui sont des symboles de santé, de joie et de profusion. Pendant cette longue nuit, les iraniens aiment également lire des poèmes de Hâfez et prédire l’avenir en cassant des noix ; les pleines annonçant une bonne année et les vides, une mauvaise. De nombreuses civilisations avaient également des fêtes spéciales à l’occasion du début de l’hiver, mais avec des buts et des coutumes différentes.
En Iran et dans les pays voisins, le début de l’hiver était la nuit de la révolution hivernale qui correspondait exactement, dans leur calendrier, au matin du trentième soir du mois de Azar, la veille du 22 décembre. Certains croient de façon erronée que cette nuit de Yaldâ était l’occasion de lutter contre les forces maléfiques de la plus longue nuit de l’année, alors que cette fête trouve en fait sa source dans des coutumes très anciennes de la civilisation perse. Cette fête était pour eux l’occasion de rester éveillé jusqu’au matin pour contempler le lever de ce soleil qui venait de naître. Les anciens de la famille devaient être présents pour symboliser l’ancienneté du soleil, et la consommation de fruits de couleur rouge, qui représentaient les couleurs du soleil, aidaient les participants à rester éveillé.
 

Shab-e Yaldâ dans l’Iran de l’antiquité
Pour les populations de cette époque qui se composaient essentiellement de cultivateurs et d’éleveurs de troupeaux, le dualisme du jour et de la nuit, des saisons, de la chaleur et du froid, de la lumière et de l’obscurité, se perpétuait dans le dualisme des caractères humains, dans le bien et le mal, l’amitié ou l’animosité, etc. Tout se divisait en deux groupes, les choses profitables ou nuisibles étant respectivement reliées au dieu du Bien et au dieu du Mal. Ces derniers préféraient le jour qui était le moment du travail et de la lumière. Le soir, ils se regroupaient et allumaient un feu pour empêcher la progression du mal, et ce jusqu’au dernier soir du mois de Azar, annonciateur de jours plus longs et de la victoire de la lumière.

 

La nuit de Yaldâ dans quelques régions iraniennes
Cette tradition a subi de nombreuses transformations mais est restée bien vivante dans toutes les régions du pays. Tous les Iraniens considèrent cette soirée comme une soirée de fête, durant laquelle sont célébrés l’amitié et la sincérité. Dans le Khorasân, cette soirée est appelée la soirée de la quarantaine selon une tradition qui remonte très loin dans l’Histoire. Pour accueillir le premier jour des grands froids, cette fête revêt un éclat particulier. Certains apportent des cadeaux à leurs belles-filles, surtout dans la partie sud de la province. De nombreux présents sont alors envoyés aux fiancées de la part de la famille du fiancé, et parfois, les deux familles se rassemblent dans la maison des anciens (par exemple celle des grands-parents) en cette occasion, pour passer la soirée à lire des poèmes et à raconter des histoires jusqu’au milieu de la nuit.
A Téhéran aussi, dans le passé, la nuit de Yaldâ était l’occasion de se regrouper en famille chez les parents et les grands-parents. Les fruits étaient à l’honneur ainsi que toutes sortes de graines séchées et salées, des graines de melon, de pastèque ou de potiron. Ces traditions sont respectées dans une certaine mesure par les habitants de Téhéran.
 

La nuit de Yaldâ, dans la société moderne iranienne
Cette première nuit d’hiver, comme dans le passé, est l’occasion pour tous les membres de la famille de se rassembler chez les plus âgés. Les pâtissiers et les marchands de fruits s’y préparent une semaine à l’avance. La coutume veut que la pastèque soit à l’honneur, car en manger ce soir-là, dit-on, préserve des maladies et de la grippe pendant les grands froids. Les grands-mères racontent des histoires du passé, les grands-pères racontent des passages de la célèbre épopée de Ferdowsi et les récits des héros légendaires de l’ancienne Perse. Des marchands de pastèques passent dans les rues, donnant aux villes un air de fête qui annonce la nuit de Yaldâ. Cette nuit est embellie par des poèmes de Hâfez qui annoncent l’avenir et donnent à cette réunion une atmosphère culturelle et littéraire remarquable. C’est le moment de penser à l’avenir et l’occasion pour un journal iranien, depuis deux ans, d’offrir un prix littéraire : le prix de Yaldâ.

Source: La Revue de Téhéran
 

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